lundi 21 avril 2014

Échine

Nuages-noirs

"D'une main je caressais la moquette. Je m'étais appuyé le dos au mur et j'avais étendu mes jambes devant moi. Jouissant d'une agréable position, je pouvais apercevoir deux trois culottes de filles et j'étais perdu dans leur contemplation sans pour autant penser à mal. En fait je m'instruisais, je remarquais que la mode revenait au blanc et qu'il y avait une percée du côté de la dentelle et des trucs satinés. Un léger pincement me brisait le cœur lorsque l'une d'entre elle croisait les jambes, mais qu'elle repris le mouvement dans le sens inverse et tous les morceaux se recollaient comme par enchantement."

"Et j'avais beau souffrir de me traîner à leur pieds, je n'avais plus le courage d’affronter tous les emmerdements de la vie quotidienne, du moins tant qu'il y avait une chance de l'éviter. Tout ce que je désirais, c'était continuer à régler mes factures et j'étais prêt à subir quelques humiliation pour y parvenir sans trop de dégâts, j'étais prêt à choisir la Voie de la Facilité, car si je considérais que gagner sa vie était un mal nécessaire, je ne voulais lui consacrer qu'un minimum d'énergie. [...]
Malheureusement, et quels qu'eussent été les véritables motifs de mon léchage de cul, la partie n'étais pas encore joué. Jusqu'à présent, mes efforts n'avaient rien donné, mais je continuais d'espérer, comme s'il suffisait de de demander pour qu'on vous accorde le minimum. J'avais l'impression d'avoir fixé un prix en dessous duquel ma raison ne pouvais pas aller. Sinon je vendais mon âme au diable."

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"Je ressentis pour la première fois, et sans que je m'y attendisse, un violent dégoût pour cette espèce de seconde vie qu'elle menait. Je n'aurais pas su dire ce qui me prenait tout à coup, car j'avais vu défiler tous ces types un par un sans réellement y accorder d'importance. Si cela m'avait agacé quelquefois, c’était simplement parce que ce n'étais pas moi qui étais à leur place, mais ça n'allait pas plus loin et je n'y pensais jamais plus de cinq minutes.
Ébranlé, je tentai vainement de me ressaisir. Je fermai les yeux et le rouvris rapidement, tandis qu'elle se levait et tranquillement s'éloignait vers la cuisine."

"Plus on conçoit l'étendue et l'absoluité de sa solitude, et mieux on se porte."

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"Je l'ai regardée, elle était assise en tailleur au milieu de la couchette, le coude planté sur un genou et le menton dans la main. Elle me dévisageait sans animosité particulière mais froidement et de façon méticuleuse.
— Non je me suis juste simplifié la vie. Des preuves, ce n'est plus vraiment ce dont j'ai besoin.
— N’empêche que tu as attendu que je tende la main vers toi... J'espère que tu as apprécié, j'espère que tu t'en souviendras au moins, je me suis copieusement inondé, ce sont les mot exacts... c'est bien ce que tu voulais, n'est-ce pas, oh n'aie pas le moindre doute, je t'assure que tu n'as pas rêvé... alors à qui veux-tu faire croire que tu es reparti les mains vides...?! Tu m'as pris quelque chose, et tu le sais très bien... Je veux savoir ce que j'ai eu en échange, dis-moi un peu ce que tu m'as donné...?!
— Ce n'était pas un échange, il y a des fois ou on ne ramasse rien, ce n'est pas toujours du donnant, donnant dans la vie. Que se passe-t-il...?! C'est une question d'amour propre...? Sais-tu combien de fois j'ai ravalé ma fierté avec toi...?!
— Nous avions décidé quelque chose...!
— Non, je n'ai jamais décidé quoi que ce fût. J'ai marché dans ce truc de l'amitié parce que je n'avais pas d'autre alternative. Mais quand on ne peut pas obtenir ce que l'on veut, c'est commettre une erreur tragique d'accepter ce qui lui ressemble.
— J'avais besoin d'un ami, pas d'un type de plus pour me baiser...!
— Dans ces conditions, continue à me garder au chaud, je peux encore t'être utile."

Philippe Djan

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