dimanche 27 février 2011

Drôles de petites bêtes

concierto 45

"Vous avez déjà observé un enfant qui joue? Cette capacité à faire abstraction de tout, à se créer un monde d'où les adultes en sont exclus."

Antoon Krings

dimanche 13 février 2011

Jungle, Bolivie.

selva 181

Départ sur ces longues pirogues que l'on ne crois exister que dans les documentaires de la cinquième. Départ franc, on se lance sur le Béni, cette énorme rivière qui trône au milieu de la forêt tropicale mais départ timide. On arrive dans la communauté de San Miguel qui ne semble accessible que par voie d'eau, et si l'on ne connait pas son emplacement par avance, nécessite une observation soignée de la forêt pour pouvoir deviner les maisons qui se dissimulent derrière le feuillage. Les habitants de la communauté nous semblent étrangement indifférents, et, seul notre guide, Mario, exerce pour eux un intérêt digne d'une conversation. Pour ma part je n'osais pas photographier les enfants par pudeur, et par peur qu'ils me demandent, à l'image de ce qui se fait à La Paz, de l'argent que je n'ai pas sur moi. On entre dans la jungle en suivant un petit rio qui se jette dans le Béni. Les rivières nous serviront de guides durant ces trois jours. Nous en remonterons une première le premier jour. Le second nous couperons à travers la végétation dense en gravissant un pan de la montagne pour en rejoindre une seconde qui nous ramènera, le dernier jour, vers le fleuve. Si l'on peut être frappé, comme le fait remarqué Claude Levi-Strauss dans Tristes Tropiques, que malgré le lieu exotique dans lequel nous nous trouvons, le climat tropical et les saisons inversées, un certain nombre de plantes et d'insectes soient similaires à ceux que l'on peut trouver en Europe —pas la majorité certes, mais suffisamment pour ne pas se sentir dans un milieu totalement hostile— on a, faute à notre vision citadine de notre environnement, l'impression de se trouver dans la serre tropicale d'un parc zoologique, à la différence près que les sons et la moiteur n'ont rien d'artificiels. On apprend d'ailleurs que la plupart des bruits que l'on entend et que l'on mettrait naturellement sur le compte d'oiseaux, sont en fait d'origines bien différentes et variées. Si l'on en crois Mario, durant le jour la plupart des sons proviennent de cigales. Du crissement sec et prolongé aux bruit strident et progressif d'une scie sauteuse. Par contre une fois la nuit tombée les oreilles ne savent plus où donner de la tête : le hululement plutôt que le coassement des grenouilles, le cri des singes, et même celui des serpents annonçant leur sortie nocturne! Les oiseaux, eux, ont un chant bien atypique et semblent respecter des horaires précis, par exemple l'ave qui pousse un "hou" unique pour marquer l'aube et le crépuscule. Le matin à partir de dix heure commence le sifflement insolent tout à fait similaire à celui que le dragueur destine aux filles dans la rue, d'un autre type d'oiseau. Celui-ci cesse à peu près lorsque débute la musique très particulière. Ce dernier cri est constitué de quatre à cinq notes, clairement séparées les unes des autres par une pause d'une seconde, de tonalité croissante et comme sorties du goulot de bouteille dans lequel on aurait soufflé. Les craintes d'une jungle mortelle et mesquine sont aussi dissipé par notre guide marchant pieds nus. "No puedo caminar con zapatillas, no tengo la acustumbre.". Bien, cependant il ne manquera pas de nous rappeler de rentrer notre pantalon dans nos chaussettes : il y a une espèce de fourmi dont la piqure provoque une douleur intense douze heures durant; ou encore de ne pas laisser nos habits moites —quoiqu'on fasse, au bout d'une demi heure de marche dans la jungle tout est moite, des chaussettes jusqu'à la moindre parcelle de chemise— dehors la nuit car c'est ce moment que choisit un papillon blanc pour pondre ses oeufs dans nos habits, qui, à la faveur de l'humidité et de la chaleur dégagée par certaines parties de nos corps, telles les aisselles, en profiteront pour éclore et introduire sous notre peau de petits vers que l'on ne découvrira que par les vives démangeaisons qu'ils provoquent, et qu'il faudra extraire après les avoir endormi à la nicotine (il peut être utile d'avoir un fumeur dans le groupe...). De la même façon, on se couchera en enfilant ses chaussettes sur ses chaussures.

La marche dans la jungle est éprouvante tant par le climat auquel, lorsqu'on débarque fraîchement de La Paz —par le transport pittoresque d'un petit avion de dix-neuf places, à l'intérieur duquel on ne tiens pas debout, et qui, après s'être assuré qu'il n'y a pas de gilet de sauvetage sous les siège contrairement à ce qui est indiqué sur la plaquette de sécurité, nous offrira la fébrile certitude qu'aucun atterrissage d'urgence n'est prévu ce jour là— on n'est absolument pas accoutumé , que par le cheminement hors de tout sentier existant, sur les galets instables et glissants tapissant le lit des rivières, se faufilant à travers la végétation au tissage serré et qui lorsqu'on souhaite s'y agripper pour escalader une bute présente, comme fait exprès de menaçantes épines acérées dont seul l'avertissement bienveillant de notre guide nous aura permis d'y réchapper. Celui-ci ménagera d'ailleurs nos efforts en organisant à intervalles réguliers, environ toutes les heures et demies, des pauses bienvenues, durant lesquelles ils nous expliquera à quel point la jungle est magnifique. Il nous racontera quelques anecdotes, presque invraisemblables, afin de nous consoler de n'avoir vu presque aucun mammifère durant notre court séjour. Comment lui et son frère attiré par des grognements et des bruits de galops ont pu observer un tapir —paisible herbivore noir et blanc, légèrement plus petit qu'une vache mais également bien plus trapus et doté d'une courte trompe— aux prises avec un anaconda. Le reptile géant ceinturait solidement le tapir au niveau de l'abdomen et s'était amarré simultanément à deux arbres. Après plusieurs cavalcades au cours desquelles le serpent s'est dangereusement étiré, la force du tapir associée à l'obstination suicidaire de l'anaconda ont provoqué l'évènement cocasse auquel on pensait sans vraiment y croire, c'est-à-dire la rupture du serpent. Ou encore comment le fourmilier se défend du jaguar : le félin extrêmement silencieux et sournois, surprend le ses proies par derrière et en les attrapant à la nuque —on apprend par la même occasion que s'il à faim celui-ci n'hésitera pas à s'attaquer à l'homme. Le tamanoir quand à lui se défend de son prédateur en ramenant son long museau sur son ventre, et comme il est doté d'un cuir très épais dans le cou et d'un crâne très dur et osseux, il oblige le jaguar à l'attaquer par devant. C'en est est alors fini pour l'animal, les puisantes pattes antérieures dotées de griffes acérées du tamanoir —que celui-ci utilise afin d'éventrer les termitières et le fourmilières— vont lui infliger des lacérations quasi mortelles sur les flancs. C'est tous les sens en alertes que nous nous remettons en chemin, espérant croiser l'un de ces animaux fabuleux, même si potentiellement dangereux. On devra malheureusement se contenter d'insectes colorés et quelque peu ridicules : sauterelles, scarabées, phasmes, mantes, etc., rehaussé par la découverte hasardeuse d'un bébé culebra, dont l'adulte est bien moins inoffensif que notre couleuvre européenne : sa morsure, dans les condition de notre trek, est mortelle. C'est en évitant ce genre d'incident que nous retrouvons le rio Béni, la barque et la fraîcheur du vent sur nos visages. Même si la promesse d'une douche à notre arrivée à Rurrenabaque nous donne hâte de la quitter, la jungle nous manque déjà, sa symphonie ininterrompue de l'aube jusqu'à la fin de la nuit, ses couleurs, sa magie, ses histoires, son peuple animal et végétal s'entremêlant dans un royaume d'une richesse infinie.

dimanche 6 février 2011

Souvenirs sud-américains

Canon Powershot G11.

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Ancien port baleinier de Quintay, Chile, 2010

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Portrerillo, Argentina, 2010

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Valparaiso, Chile, 2010

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Feux d'artifices du nouvel an, Valparaiso, Chile, 2010

palabradelpueblo

Mur de Valparaiso, Chile, 2010

jeudi 3 février 2011

Tristes tropiques

Forum 33

"L'air devient partout aussi lourd."

"Les pays exotiques m'apparaissaient comme le contrepied de nôtres, le terme d'antipode trouvait dans ma pensée un sens plus riche et plus naïf que son contenu littéral. On m'eût fort étonné en disant qu'une espèce animale ou végétale pouvait avoir le même aspect des deux côté du globe. Chaque animal, chaque arbre, chaque brin d'herbe, devait être radicalement différent, afficher du premier coup d'oeil sa nature tropicale. Le Brésil s'esquissait dans mon imagination comme des gerbes de palmiers contournés, dissimulants des architectures bizarres, le tout baigné dans une odeur de cassolette, détail olfactif introduit subrepticement, semble-t-il, par l'homophonie inconsciemment perçue des mots Bresil et gresiller, mais qui, plus que toute expérience acquise explique qu'aujourd'hui encore je pense d'abord au Brésil comme à un parfum brulé."

Claude Levi-Strauss

Patagonia

Canon Powershot G11.

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Puerto Natales, Chile, 2011

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Glacier Grey, parque Torres del Paine, Chile, 2011

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Parque Torres del Paine, Chile, 2011

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Détroit de Magellan, Chile, 2011

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Parque Tierra del Fuego, Argentina, 2011